De Alghero à Politika
16 Mai 2018
Décidément notre chère Florence porte bien son surnom de "Flo la tempête" ! Depuis son arrivée, nous avons eu 3 jours de gros vents et de pluie qui nous ont bloqués à la Marina del Sole de Cagliari. Mais l'équipage a gardé le moral et profité au mieux de ces journées terrestres.
Quoi de mieux qu'une bonne tisane pour le moral !!
Malgré le vent et la pluie, nous montons au sommet de la vieille ville de Cagliari.
C'est la 362 ème année que la population sarde rend hommage à San Efisio le 1er mai.
On ne peut pas prendre la mer et bien, nous prendrons la route ! Petite voiture de location à la journée et nous voici partis à la découverte des marais salants de Cagliari. Les activités salines ont cessé depuis 1984, ce qui a permis aux flamants roses venant d'Afrique de s'y installer définitivement.
Impossible de les photographier en vol, ils décollaient à chaque fois dans notre dos !
Nous n'avions pas pu visiter le site archéologique de Nora à cause du vent qui nous avait empêchés de rester au mouillage; la voiture va nous y emmener en toute sécurité. Comme le site de Tharros, Nora est situé sur une presqu'île, ce qui permettaient aux bateaux d'atteindre le port d'un côté ou de l'autre en fonction du vent. Ici aussi, il s'agit d'une cité fondée par les Phéniciens et développée ensuite par les Romains Le site est très étendu, la visite se fait obligatoirement avec un guide parce que les fouilles sont encore en cours. Il y a quelques années, le site était occupé par l'armée, mais comme tout était alors enseveli, ils n'ont pas eu l'occasion de faire trop de dégâts ! Ulysse est admis sans problème, il devient un pro de l'archéologie !
Les mosaïques sont superbes.
André très intéressé par l'Histoire, sollicite les services de notre charmante guide.
Nous profitons de la voiture pour faire le plein de provisions alimentaires sans trop se casser le dos, et nous voilà fin prêts pour enfin poursuivre notre route. Les vents se sont calmés depuis plus de 24 heures, et la mer a eu le temps de s'apaiser.
Nous n'allons pas traverser directement vers la Sicile, mais nous diriger d'abord au point le plus au sud-est de la Sardaigne, et nous nous arrêterons à la Marina de Villasimius pour la nuit.
Très belle marina un peu "chicos" et d'ailleurs le prix de la nuit reflète bien cette première impression ! (90€)
La marina a été aménagée en profitant d'énormes rochers de granit érodés en arrondi par la mer et le vent; ce qui nous donne un joli paysage.
Après une bonne nuit passée à Villasimius et un bon petit déjeuner, nous voilà partis pour la traversée vers la Sicile. Il y a environ 120 milles à parcourir, (soit 220 km).
Avant le départ, l'équipage s'est mis d'accord sur les rôles de veille pour la nuit à venir, puisque nous prévoyons une traversée d'environ 20 heures. Nadine prévient qu'elle ne fermera pas l’œil de la nuit, impossible pour elle de dormir en navigation de nuit. Il faut dire que sa seule expérience de traversée de nuit (17 heures de traversée de la Manche par gros temps, sur Ad Hoc), lui a laissé un souvenir assez désagréable pour ne pas dire "cauchemardesque" !
Mais nous avons d'abord une belle après-midi de navigation avec une magnifique surprise, juste au moment où capitaine André faisait la sieste. Dommage pour lui, mais on l'a laissé dormir en prévision de la nuit de veille.
Dans son émotion, la commentatrice parle de la Sicile, alors que nous sommes à 30 milles de la SARDAIGNE.
Le coucher de soleil en pleine mer, c'est magique !
Selon le programme de quarts, le capitaine va se coucher avec le soleil, tandis que Florence et Nadine assurent une "veille attentive". Nous sommes bien aidées par le radar, mais celui-ci, s'il détecte parfaitement les gros navires, ne nous informe pas de la présence des petits chalutiers, si ce n'est lorsqu'ils sont à moins de 3 milles de nous !
Nous sommes donc bien concentrées pour suivre leurs mouvements dans la nuit noire et ce n'est pas toujours facile, car leurs feux de navigation ne sont pas toujours très lisibles. Nous avons dû nous dérouter une seule fois par prudence, mais ce fut une très belle expérience de collaboration confiante et un excellent moment partagé à nous deux !
Notre allié le radar !
Mais, oh surprise, dans le noir d’encre de la mer, on aperçoit des boules fluo vertes dans le sillage de Yamas ! Ce sont des méduses fluorescentes. Il y en a une belle flopée parce qu’elles resteront visibles pendant longtemps.
A 1h du matin, toujours pas de lever de lune, et pourtant nous devrions avoir une lune gibbeuse (3/4) qui devrait nous éclairer un peu.
Comme convenu, André prend la relève et Florence va se reposer, alors que Nadine reste sur le pont. Un bon café lui permettra de rester vigilante toute la nuit, et surtout d'apprécier cette belle expérience qui effacera sans doute la précédente !
Vers 2h30, "panique à bord" ! Nadine signale une grosse bouée rouge à babord, à quelques mètres du bateau et s'apprête à dérouter en urgence. Fausse alerte, c'est le reflet de la lune sur l'eau; elle a enfin décidé de se lever et c'est à nouveau magique.
Et voici Dame Lune
Nous avions une inquiétude pour cette traversée : comment notre cher Ulysse allait pouvoir gérer toutes ces heures à bord ? Notre petit mousse canin a patienté de 11h du matin à 3h le lendemain avant de se décider à uriner sur le pont. Ce fut un soulagement pour lui évidemment et pour nous aussi. Et en plus, il a fait ça comme un grand sur 3 pattes alors que nous étions en mouvement ; un vrai marin ce petit Ulysse !
L’apparition de la lune a rendu la navigation plus facile car plus de clarté. Et nous voici en vue des îles Egadi, un chapelet d’îles qui se trouvent près de la côte nord-ouest de la Sicile.
Et pourquoi ne pas s’arrêter sur une de ces îles plutôt que d’aller directement sur Trapani ? Cela raccourcirait un peu la traversée et on peut s’attendre à une belle découverte à la lecture des guides touristiques et de navigation. Après concertation de l’équipage, ok pour l’île de Levanzo.
Mais avant d’y parvenir, il nous reste encore quelques milles à parcourir ! Et nous assistons bientôt avec enchantement au lever du soleil sur la côte sicilienne.
Entre la visite des dauphins, le coucher du soleil, le lever de lune et le lever de soleil, cette traversée nous laissera un excellent souvenir !
Les îles Egadi dans le lointain.
Nous arrivons devant le petit hameau de Levanzo vers 9h du matin, bien plus tôt que prévu : le bateau a bien avancé (moyenne de 7 nœuds) et puis le choix de s’arrêter près des îles a raccourci d’autant la distance. Ce qui permet aussi à l’équipage de rassurer les familles dès leur réveil.
Une petite baie juste à côté du hameau de Levanzo se prête bien pour un mouillage, c’est la baie de Cala Dogana. C’est un endroit magnifique, calme; un boulanger, une micro-superette et un café avec terrasse dans le hameau ; de belles promenades le long de la mer et une eau cristalline. Nous sommes sous le charme.
Trois voiliers viennent mouiller dans la même baie, dont un catamaran assez près de nous. Ce sont des bateaux loués par un groupe de russes bien sympa en fait Nous les retrouvons lors de notre promenade dans le village et ils sont tous en admiration devant Ulysse. Séance photos de star !
Encore une très belle promenade matinale sur l’île avant de reprendre notre route vers une autre île de l’archipel, l’île de Favignana.
Favignana est toute proche de Levanzo et nous y arrivons en moins d'une heure. Cette île s’appelait dans l’antiquité, Aegusa, ce qui signifie « île aux chèvres » telle que décrite par Ulysse. Nous avons donc une bonne raison pour nous y arrêter.
Nous resterons au mouillage malgré les nombreux petits zodiacs venus nous solliciter pour un amarrage au port. Très souvent, en Italie, les ports de plaisance sont gérés par des privés qui ont chacun un certain nombre de pontons. Ils viennent donc démarcher le client avant même l’entrée au port. Nous refusons poliment même si l’un d’entre eux, surnommé Gino, bien sympathique, revenu par deux fois vers nous, nous a affirmé qu’il nous aimait !
Nous mettons l’annexe à l’eau et nous la laissons entre deux rochers un peu à l’écart du port, ce qui nous permet de nous promener dans la nature avant d’aller vers la petite ville de Favignana.
L'histoire plus récente de l'île concerne la pêche et l’industrie du thon. L’île a été rachetée il y a 120 ans par un Signore Flavio qui installa à Favignana une conserverie de thon. Celle-ci n’est plus en activité, mais le Signore trône sur la grand-place et sa résidence « princière » est toujours bien visible.
La résidence du Signor transformée en bibliothèque municipale.
Petite ville bien sympathique où nous faisons quelques emplettes. Entre autre, une visite chez le boucher pour la viande d’Ulysse. Je lis à l’étalage « intero polo » et je demande donc « intero polo », pensant avoir des abats de poulet. Surprise, le boucher sort de son frigo un poulet ENTIER ! C’est raté, on est vraiment bête quand on ne maîtrise pas la langue. Je m’en sors avec une poitrine de poulet pour nous et les ailes pour Ulysse.
Le boucher collectionneur d'éléphants
Comme Favignana nous plaît beaucoup, on décide de continuer la découverte le lendemain, en faisant le tour de l’île pour s’arrêter juste de l’autre côté de la ville, dans un petit bled appelé Punta Longa.
Encore une fois charmant ! C’est un petit port de pêche avec quelques maisons en forme de cube ; architecture qui paraît caractéristique de ces îles. Pas assez de fond au port, mais c’est sans importance, la mer est calme et nous sommes les as du mouillage.
Remise en état très personnelle d'un petit bateau de pêche !
Pendant la promenade en bord de mer, on découvre de curieuses fosses carrées de rochers, comme si les rochers avaient été taillés en blocs pour servir à la construction.
Nous quitterons à regret ces îles Egadi mais même si nous n’avons pas de RDV impératif et qu’on peut se laisser vivre, nous devons poursuivre notre chemin.
Prochain mouillage à Mazara del Vallo. C’est une ville très accueillante et qui l’annonce d’ailleurs clairement et avec goût.
Même si une partie du port est vouée à la démolition de chalutiers, cela n’enlève rien à son charme. Nous avions lu que la ville de Sciacca, toute proche, était le centre de la céramique, mais la ville de Mazara nous a étonnés avec ses multiples céramiques, ses superbes jarres et même ses escaliers décorés.
On ne peut pas manquer de visiter la cathédrale toute de stuc, y compris un impressionnant drapé juste derrière l’hôtel. Même si on n’est pas fan du baroque rococo, nous sommes admiratifs.
Après cette belle étape dans cette ville si accueillante, nous continuerons notre route vers le sud, en longeant la côte africaine de Sicile vers Palo di Menfi; mais ça c'est une autre histoire !
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