8 Mai 2018
Jusqu’à présent, nous nous étions contentés de ronds dans l’eau aux abords d’Alghero, mais maintenant, c’est l’aventure, la vraie qui va commencer !
Nous nous sentons suffisamment à l’aise sur Yamas pour le grand départ à deux (à trois, pardon Ulysse !)
Notre objectif, longer la côte ouest de Sardaigne pendant une dizaine de jours, jusqu’à sa pointe sud et se retrouver à Cagliari pour le 1er mai, jour de l’arrivée de notre chère équipière Florence.
Ce sera notre première étape et c’est une belle découverte. Nous mouillons à l’entrée du port qui est aussi l’embouchure du fleuve Temo, le seul fleuve navigable de Sardaigne. Et nous en profitons bien, puisque dès le mouillage stabilisé, l’annexe est mise à l’eau avec le moteur hors-bord et nous remontons le petit fleuve jusqu’à la ville de Bosa.
Magnifique ville de maisons pastel nichées sous l’imposant Castello. Nous prenons plaisir à nous balader non seulement dans les rues principales bordées de palazzi, mais aussi dans les multiples ruelles étroites qui remontent vers le Castello.
La rive gauche, moins prestigieuse, est bordée d’anciennes tanneries dont certaines sont rénovées en restaurants.
La plupart des maisons portent encore l'indication du traitement au DDT dans les années 50. Ces pulvérisations ont permis d'éradiquer la malaria; on ne connaissait pas encore la toxicité de ce produit qui était considéré à cette époque comme l'insecticide miracle.
Le lendemain, départ pour le Capo san Marco et la baie de Tharros. Ce n’est pas une grande distance, heureusement car il y a peu de vent et on fera tout au moteur ; ce qui frustre beaucoup notre capitaine, qui aimerait tant jouer du pouce pour hisser les voiles !
Pas besoin de mouiller l’ancre dans la baie de Tharros, il y a de nombreux corps-morts placés juste devant le site archéologique. Un petit coup de gaffe pour attraper l’anneau et le tour est joué, nous voilà en sécurité devant un site majestueux.
On a hâte, et Ulysse aussi de mettre pied à terre. Nous commençons à être rodés pour la mise à l’eau de l’annexe, mais au moment de brancher la nourrice d’essence au moteur hors-bord, catastrophe, la pièce se casse et donc pas d’essence pour le moteur. Ce sera à l’huile de coudes, ceux d’André, que nous gagnerons la rive. Si on avait su, on se serait amarré un peu plus près de la rive !
Mais l’effort du capitaine est bien récompensé, le site est de toute beauté, tant du point de vue de la nature que du point de vue archéologique. Tharros a été fondé par les Phéniciens (700 av JC), il est devenu un port florissant dès le VI ème siècle av JC et l'est resté jusqu'au temps des Romains. Nous sommes impressionnés par les larges avenues pavées et les ruines de multiples thermes.
Le soir, on y retournera pour la sortie « hygiénique » d’Ulysse, toujours à l’huile de bras, et on se retrouvera seuls au milieu des ruines, veillant à ce que le chien ne poursuive pas les fouilles de façon trop intempestive !
L’objectif pour le lendemain, c’est de soulager les bras du capitaine et de trouver cette fameuse pièce qui fait joint entre la nourrice et le moteur. La petite ville de Torre Grande avec son port de plaisance nous paraît être la solution. Mais après avoir appelé la capitainerie, Yamas ne pourra pas entrer au port, pas assez de profondeur, mais on nous certifie qu’on trouvera la pièce en ville. Qu’à cela ne tienne, nous allons mouiller un peu plus loin. En réalité, on mouille beaucoup trop loin, et après avoir mis pied à terre, nous voilà partis pour 3 km de marche dans une superbe pinède, ce qui plaît beaucoup à notre cher compagnon.
Arrivés enfin à Torre Grande, impossible de trouver la pièce, il n’y a aucun magasin d’ouvert. Il nous faudra prendre un taxi jusqu’à la prochaine ville, où nous trouvons enfin notre bonheur. Tant qu’à faire, nous ferons une étape pizza avant de reprendre le bus cette fois pour Torre Grande. Problème : on a oublié la muselière pour le chien ! André trouve la solution en nouant son mouchoir sur le museau et nous voilà admis à faire le voyage. Il sera gratuit parce qu’on aurait dû acheter le billet avant de monter !
Retour au bateau par la même pinède bordée de très beaux mimosas. Nous sommes fatigués, mais soulagés d’avoir atteint l’objectif de la journée ! Ulysse est ravi et nous avons un superbe bouquet de mimosas en prime pour décorer le carré.
Nous resterons au mouillage pour la nuit avant de repartir le lendemain en direction de Porto Succo. Le guide maritime indiquait qu’il s’agissait d’une région de pêche aux thons et nous avons bien failli nous jeter dans ces filets. Ce n’est qu’à la dernière minute que nous avons vu une très longue guirlande de bouées blanches qui barrait complètement notre route entre la côte et une petite île. Tribord toute et nous voilà en vue de Porto Scuso.
Ce sera notre premier amarrage en « longside », c’est-à-dire le long d’un quai. Nous avons été aidés par deux gars du port, mais nous sommes de plus en plus à l’aise avec notre cher Yamas et nous pouvons tirer des leçons de chaque nouvelle expérience.
Encore une petite ville sympathique, même si elle est moins typique que Bosa.
Nous choisissons la petite baie de Caletta comme halte mouillage. C'est un endroit charmant, dommage qu'on y ait construit un immense hôtel, qui n'est pas fonctionnel mais qui nuit vraiment au paysage.
Le soir, on se régale de pâtes à la farine de graines de canabis décorées de capucines. Et on n'était même pas stone !
De San Pietro nous filons vers l'île de San Antioco. Nous choisissons un mouillage près de la localité de Calasetta, préférant éviter le plus grand port de Caloforte.
Et nous sommes ravis de notre choix, la petite ville de Calasetta avec ses ruelles piétonnes découpées en carrés "à la militaire" a beaucoup de charme.
Nous avons l'air de super sportifs à naviguer quasi tous les jours. Le plus souvent, nous avançons au moteur, faute de vent ou parce que nous sommes avec le vent dans le nez. Mais même lorsqu'on met les voiles, l'unique articulation qui entre en mouvement est celle de pouce droit et parfois du pouce gauche ! Tout est électrique sur le bateau et les voiles se hissent à la force du pouce. Attention à la rhizarthrose !!
Après cette petite virée sur des îles bien sympathiques, nous voici de retour sur la côte sarde, direction Porto Teulada.
Comme on aime beaucoup les mouillages, on évite le port de plaisance et on jette l'ancre au fond de la baie, dans un petit coin qui s'appelle Porto Budello. On s'apercevra en mettant pied à terre que nous sommes dans une zone de marécage, ce qui n'a pas du tout impressionné Ulysse !
Nous avons quand même déniché une très belle promenade aboutissant à une superbe plage de sable blanc
Direction Capo di Pula et son site archéologique réputé de Nora, site qui comme celui de Tharros se trouve en bord de mer. Une fois arrivés dans cette baie, et après avoir mouillé l'ancre, le vent commence à se lever de façon inquiétante. Nous ne nous sentons pas en sécurité et on décide de lever l'ancre sans avoir mis l'annexe à l'eau. Il y en a un à bord qui ne comprend pas la manœuvre; c'est Ulysse bien entendu qui s'attendait à une promenade comme c'est chaque fois le cas lorsqu'on approche de la côte et qu'on mouille l'ancre !
Et le prochain arrêt, ce sera Cagliari où nous pourrons nous mettre à l'abri. La navigation de Capo di Pula jusqu'à Cagliari a été super chouette; enfin nous avons pu voiler, un bon vent arrière avec de très beaux surf sur les vagues, bref un régal !
Et on arrive au port de Cagliari, à la Marina del Sole. Très belle manœuvre d'accostage, cul à quai avec pendilles. Ici encore, les gars du port sont là. Nous avons à peine le temps d'assurer notre amarrage qu'un vent très fort se lève brutalement. D'un bateau voisin, son capitaine américain nous félicite pour notre timing !
Nous voici donc arrivés à Cagliari 48 heures avant l'arrivée de notre chère Florence, ceci à cause d'une météo plutôt agitée. Qu'à cela ne tienne, nous pourrons ainsi nous occuper de l'avitaillement et assurer un accueil de qualité à notre équipière.
Nous avons aussi le temps de découvrir une très belle ville, c'est quand même la capitale de l'île. Entre les superbes palazzo du bord de mer et les yachts luxueux amarrés juste en face de la ville, il y a du spectacle.
Le lendemain, c'est le 1er mai, une journée très très attendue à Cagliari par tous les sardes. C'est la fête de San Efisio. En 1652, la Sardaigne est atteinte par une épidémie de peste. Les autorités de la ville ont demandé de l'aide par un vœux solennel à San Efisio (soldat romain emprisonné et martyrisé) et la peste a disparu miraculeusement. Chaque année, depuis 1652, en remerciement, une procession est organisée: la statue du Saint, accompagnée de chariots traditionnels fleuris provenant de toute la Sardaigne parcourt plus de 80 km de Cagliari jusqu'à Nora. Et nous avons la chance d'être là "just on time" !
Mais ne nous laissons pas entraîner par la ferveur populaire, il nous faut prendre le train pour l'aéroport de Cagliari où Florence atterrit en fin d'après-midi. Nous la surnommerons "Florence la tempête" : son arrivée coïncide avec un temps épouvantable, pluie et vent annoncés pour les 4-5 jours à venir.